Appel pour la création d’un Conseil National du Patrimoine tunisien




La Tunisie dispose d’un Patrimoine considérable qui se caractérise, dans ses deux aspects naturel et culturel, par la richesse, la diversité et l’originalité. Ce patrimoine marque l’environnement des Tunisiens et fonde leur identité. Une partie de ce patrimoine jouit d’une réputation mondiale qui se révèle  surtout par son inscription sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Mais quoiqu’il compte, à des degrés divers selon les domaines,  des acquis importants depuis l’Indépendance, le Patrimoine tunisien, dans son acception globale, n’a pas bénéficié de l’attention qu’il mérite au niveau de la sauvegarde, de l’étude et du profit qui peut en être tiré  dans le sens de la contribution au développement économique et social, dans ses dimensions nationale, régionale et locale. Le mauvais traitement qui lui a été réservé, a entraîné des dégâts considérables qui ont consisté en la perte de composantes importantes de ce Patrimoine dans ses deux aspects matériel et immatériel et en l’occultation d’autres éléments avec ce que cela signifie comme gâchis au niveau de la connaissance. Les dégâts ont également consisté à gaspiller de nombreuses opportunités d’emploi dans les domaines public et privé et à manquer des occasions précieuses de créer une importante richesse provenant d’un développement durable.
Les dangers qui menacent le Patrimoine tunisien et les entraves spécifiques liées  à sa gestion aux différents plans se rattachent à des problèmes structurels qui concernent la tutelle, la conception et la législation.
La tutelle est caractérisée par la monopolisation excessive des décisions de la part de certaines structures gouvernementales. Au fil des années, l’expérience a montré, d’une manière indubitable, les limites du rendement de ces structures du point de vue des ressources humaines, de l’organisation du travail et de la prise en compte du droit d’autres parties à la coordination effective avec elle en vue d’éviter l’atteinte aux libertés académiques, le gaspillage des énergies et la perte des opportunités. Ainsi, des dégâts considérables ont été occasionnés  en raison de l’absence d’une coordination effective entre le ministère de la Culture et le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, dans les domaines de la formation et de la recherche. Il en est de même pour ce qui concerne l’absence de politique commune aux ministères de la Culture et du Tourisme. Un troisième exemple concerne l’absence d’action programmée par le ministère du Tourisme d’une part, et des ministères de l’Agriculture et de l’Environnement d’autre part, relative au tourisme écologique. Les expériences ont prouvé, dans tous les cas, l’échec des structures formelles qui ont prétendu avoir assuré la coordination.
La conception est demeurée fragmentaire et ne tenant pas compte des  spécificités régionales et locales dans les deux domaines du Patrimoine, naturel et culturel. Le résultat  a été la réalisation  de projets tels que les réserves naturelles et les musées archéologiques ou ceux consacrés au Patrimoine traditionnel qui sont restés isolés du tissu économique et social qui les entoure. La réduction   du rôle des ces projets en matière de développement a été aggravée par l’absence d’équipements vitaux tels que les routes et les hôtels  ainsi que l’insuffisance flagrante au niveau de l’information spécialisée.
La législation souffre,  quant à elle,  dans la plupart des cas, de l’immobilisme, de l’absence de nombreux textes d’application et de la mise à l’écart de  ceux qui n’appartiennent pas à l’autorité de tutelle monopoliste qui est souvent, au fond, centralisée, ne laissant même pas l’initiative à ses représentants régionaux et locaux. Parmi les conséquences de la centralisation excessive de la décision figure la mise à l’écart de tous les acteurs locaux tels que les associations, les municipalités et les clubs dont la mise à contribution, d’une manière organisée, aurait pu être bien profitable.
 Compte tenu de la présentation, ci-dessus, des particularités du Patrimoine tunisien, des dangers qui le menacent et des défaillances de la politique de développement qui lui a été réservée ainsi que du débat en cours au sein de l’Assemblée Nationale Constituante sur la constitutionnalisation de la sauvegarde du Patrimoine et des droit culturels, les signataires de cet Appel jugent qu’il est indispensable et urgent de créer un Conseil National du Patrimoine qui regroupera des représentants de l’Etat et de la société civile (tous les ministères concernés par les affaires du Patrimoine, et les structures de la société civile représentées par les associations scientifiques, culturelles et de développement ainsi que par les partis politiques).
Les signataires de l’Appel considèrent que la création du Conseil représente une réponse imposée par les exigences du contexte historique nouveau, afin d’ouvrir un débat global de société sur notre Patrimoine et les moyens de sa promotion et de sa sauvegarde comme vecteur de savoir et de développement.
[Pour signer cette pétition, utilisez le lien : http://www.petition24.net
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Liste des premiers signataires
Lotfi Aïssa
Lamia Ben Abid
Zinelabidine Ben Aïssa
Abdallah Chérif
Mohamed Sélim Chihi
Karem Dassy
Lassaad Dendani
Amina Habchi
Wahid Ibrahim
Houcine Jaïdi
Habib Kazdaghli
Laroussi Khemira
Abdelhamid Larguèche
Samira Sehili

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